Faits saillants d’une analyse de l’Institute of Development Studies
Malgré certains progrès importants dans l’élaboration de politiques et de programmes de vaccination, le Mali est extrêmement vulnérable aux épidémies.
Le programme ACE (l’Afrique contre les épidémies) travaille avec le Mali en vue d’améliorer la sécurité sanitaire et de sauver des vies. L’intégration des perspectives des sciences sociales aux travaux d’appui technique d’ACE procure des avantages considérables. Elle nous permet de mieux comprendre les contextes dans lesquels nous opérons et détermine le soutien que nous apportons. Elle peut également aider à façonner des systèmes de réponse rapide plus efficaces, adaptatifs, fondés sur des données probantes et planifiés en consultation avec les communautés touchées et à risque.
L’Institute of Development Studies (IDS) est un précieux partenaire-ressource d’ACE. Avec notre appui, cet institut a récemment produit une série de notes d’information technique détaillant les principaux problèmes politiques, économiques, culturels et sociaux auxquels sont confrontés tous
les pays avec lesquels nous travaillons. Voici un
aperçu de son analyse pour le Mali.
Principales considérations et recommandations au Mali — résumé
Remédier aux vulnérabilités en matière de préparation et de riposte : certains Maliens sont plus vulnérables que d’autres aux maladies en général, notamment : les pauvres, les communautés isolées, les personnes dont l’infrastructure d’approvisionnement en eau, d’assainissement et d’hygiène (WASH) est insuffisante, les réfugiés et les personnes déplacées à l’intérieur du pays, les groupes nomades, les personnes vivant dans des zones de conflit, les personnes souffrant de malnutrition, les femmes et les enfants. Dans le cadre des activités maliennes de préparation et de riposte, le renforcement de la participation et de la confiance des communautés vulnérables est important. Les groupes vulnérables peuvent être mobilisés dès le début d’une épidémie en vue d’élaborer et d’adapter les programmes, de mener des activités chaque fois que cela est possible et pertinent et de fournir des retours de la communauté. En outre, les activités de riposte ne doivent pas désigner les communautés déjà marginalisées d’une manière qui pourrait inciter à les stigmatiser ou qui pourrait imposer des restrictions susceptibles d’exacerber leur vulnérabilité.
Partager les données pour une meilleure prise de décision et une réponse mieux intégrée : les activités des prestataires publics et privés de soins de santé, des prestataires alternatifs de soins de santé et des groupes humanitaires ne sont pas coordonnées à l’heure actuelle. Il convient de mettre en place des systèmes de partage des données sur la surveillance des épidémies, la prestation de services, ainsi que les ressources humaines et financières, et d’inciter à leur adoption. Ces systèmes pourraient aider à orienter la prise de décision politique, à harmoniser les plans de préparation et de riposte et à garantir une mobilisation efficace des ressources en cas d’épidémie.
Engager les dirigeants locaux et le personnel de santé reconnus dans les communications en matière de santé : les chefs traditionnels et religieux sont les interlocuteurs privilégiés par la population malienne. On peut citer parmi les autres acteurs reconnus les médecins et les personnels infirmiers, ainsi que les prestataires alternatifs de soins de santé. En mobilisant ces personnes de manière précoce et en utilisant les évaluations locales, nous pourrions disposer de communications en matière de santé plus efficaces et de ripostes aux épidémies plus appropriées sur le plan culturel. La radio communautaire et les espaces locaux (comme le théâtre de rue, les crieurs publics et les griots) peuvent être utilisés pour répondre aux questions sur les maladies et recueillir les retours de la communauté.
Alliances avec les prestataires alternatifs de soins de santé : plus de 80 % des Maliens dépendent de la médecine traditionnelle. Les guérisseurs, tradipraticiens, vendeurs de médicaments, devins et autres pourraient bénéficier d’une formation de base en épidémiologie et en communication sur les risques. En outre, ils pourraient être engagés dans le soutien de la surveillance des maladies et la riposte. Leur contribution ne s’arrête pas là, car ils peuvent fournir des informations sanitaires et administrer des traitements, détecter des maladies et orienter les patients vers des cliniques biomédicales, le cas échéant.
S’appuyer sur les réseaux communautaires existants : nous pourrions ainsi soutenir une approche plus globale et dirigée par la communauté en matière de préparation et de riposte aux épidémies. Au lieu de partir de zéro, les activités pourraient soutenir les initiatives et les réseaux sociaux actuels. Les relais communautaires et autres agents de santé bénévoles communautaires peuvent être recrutés pour mobiliser les principaux influenceurs locaux. Le Mali pourrait également renforcer les capacités des bénévoles de la santé.
La note d’information technique de l’Institute of Development Studies (IDS) pour le Mali a été préparée par Mamadou Faramba Camara, Brahima Amara Diallo et Santiago Ripoll.
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Septembre 2021
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